Les systèmes de multiplication des plantes potagères

Certains légumes ne se prêtent pas à la multiplication par semis car il leur faut trop de temps pour entrer en production ou parce qu’ils ne reproduisent pas d’une manière suffisamment fidèle les caractéristiques des variétés.

Dans ce cas, on a recours à la reproduction végétative utilisant une partie de la plante :

  • les bulbes pour l’ail et l’oignon ;
  • les tubercules pour la pomme de terre et le topinambour ;
  • les rhizomes pour l’asperge ;
  • les boutures pour l’artichaut.
multiplication

La reproduction végétative : gros plan sur les bulbes et tubercules

Le choix des plantes mères repose sur les mêmes critères que pour la production des semis. Avec la production végétative, on reproduit les caractères non seulement de la variété mais aussi de la plante et en particulier de la portion qui a été prélevé de celle-ci. Il est donc très important de veiller particulièrement aux sujets choisis, en les maintenant dans un état de nutrition parfait et en évitant toute maladie. N’oubliez pas que les maladies cryptogamiques, bactériennes et virales sont facilement transmissibles à la descendance.

Étant donné que la floraison, la fructification et la production de semis se font au détriment de la formation des organes souterrains, il faut éviter qu’elles n’aient lieu et favoriser plutôt le passage à la phase de repos dès que les feuilles commencent à flétrir, en réduisant progressivement les arrosages et en suspendant les opérations de fertilisation. Il est conseillé d’utiliser immédiatement les rhizomes et les boutures en les mettant en place dès qu’ils ont été prélevés.

En revanche, laisser les bulbes et les tubercules sécher dans un endroit aéré et à l’ombre : nettoyez-les des résidus de végétation et conservez-les en une seule couche dans une caissette avec du sable ou dans une pièce à la température de 6 à 10°C.

Pour éviter l’apparition prématurée de germes qui épuiseraient les réserves, conservez les bulbes dans le noir ; en revanche, les tubercules doivent rester à la lumière, ce qui les fait reverdir et permet le développement des germes courts et vigoureux, alors que dans l’obscurité ils produisent des germes très longs, blanc et mous qui doivent être écartés de la reproduction car ils donnent des plantes faibles.

Choisissez soigneusement les bulbes et les tubercules destinés à la reproduction en les examinant et en observant un certain nombre de caractéristiques : ils doivent avoir les dimensions, la forme et la couleur caractéristiques de la variété à laquelle ils appartiennent ; ils doivent être solides pleins, entiers et sains.

Les bulbes doivent avoir un bourgeon bien développé et des racines nombreuses ; les yeux des pousses des tubercules doivent être bien formés et ne pas être superficiels. On préférera les tubercules de taille moyenne que l’on peut utiliser entiers ; ceux qui sont trop petits ont peu de substances de réserve et donnent des plantes faibles, tandis que ceux qui sont très gros doivent être sectionnés en portions dotées de plusieurs pousses et de dimension suffisante pour soutenir les premières phases végétatives.

On enterre les bulbes dans des petits trous pratiqués avec un plantoir et les tubercules dans des sillons. Tous les organes souterrains ont besoin d’une terre souple, perméable, sans stagnation d’eau ni matériaux grossiers, qui n’entrave pas un développement harmonieux et ne provoque pas de déformations et de lésions.

Le greffage

Bien qu’il s’agisse de plantes annuelles et herbacées, depuis quelques années, il est possible de greffer également certaines plantes potagères, en particulier les tomates, les aubergines, les poivrons, les concombres, les melons et les pastèques.

On a ainsi la possibilité d’obtenir des productions très élevées grâce à la meilleure capacité d’absorption des racines du porte-greffe et, ce qui est encore beaucoup plus important, d’avoir à notre disposition des plantes très résistantes à de nombreuses maladies qui frappent les potagers, en particulier les pourritures racinaires que l’on peut soigner par des traitements stérilisants du sol et des produits sanitaires extrêmement toxiques.

On obtient la greffe en utilisant deux plantes appartenant à la même espèce ou au même genre dont une fournira la partie racinaire (parce qu’elle appartient à une espèce résistante même si elle produit peu) et l’autre la partie aérienne qui correspond à la plante que l’on veut cultiver pour l’excellente qualité de ses fruits.

La préparation du matériel et l’exécution de la greffe ne présente pas de difficultés particulières. Tout d’abord on sème les deux individus, si possible, dans des pots séparés pour faciliter les opérations. Lorsque les plantules ont quatre ou cinq feuilles vraies, environ huit à quinze jours après le semis, on procède à la greffe. Il faut opérer dans un milieu dont la température est d’environ 20 à 25 °C et très humide.

On peut obtenir ces conditions en couvrant les plantules de petits cônes de plastique transparent. Les techniques les plus utilisées sont les greffe en approche (pour les espèces énumérés ci-dessus) et en fente latérale pour les Solanacées et en tête pour les Cucurbitacées.

Le greffage en approche

Dans ce cas, avec une lame coupante, un cutter ou une lame de rasoir, on pratique une incision en biseau sur la tige des deux plantes : dans un des cas l’entaille sera tournée vers le haut et dans l’autre vers le bas. On rapproche étroitement les deux bords et on ferme le point de greffage avec une petite pince, avec du papier aluminium ou du ruban adhésif. Pendant quelques jours, on maintient une température élevée (20-25°C) et on conserve le sol et l’air très humides en recouvrant les plantules greffées de film plastique transparent. En dix ou quinze jours, la greffe aura pris ; il faudra alors procéder à l’élimination du porte-greffe et à la partie racinaire du greffon.

Le greffage en fente latérale

Dans le cas d’une greffe en fente latérale, au contraire, il faut éliminer au préalable la partie aérienne du porte-greffe par une entaille oblique et on superpose immédiatement la partie aérienne de la tige de la plante productive puis on lie le tout et on les conserve dans les conditions décrites précédemment. Ce type de greffe est utilisée pour les Solanacées, entre autres les tomates pour lesquelles les hybrides F1 de tomates constituent d’excellents porte-greffes, également utilisés pour les aubergines. Pour les poivrons aussi on utilise une variété F1 de poivrons particulièrement résistante à la moisissure.

Le greffage en tête

Dans le cas d’une greffe en tête utilisée pour les Cucurbitacées, il est nécessaire de semer les plantes dont on utilisera la partie aérienne quelques jours avant celles qui serviront de porte-greffes, tout ceci afin de permettre l’insertion de quelques feuilles véritables dans l’espace à l’intérieur des deux feuilles cotylédonaires du porte-greffe. Pour le concombre, le porte-greffe le plus utilisé est la courge à graines noires (ou melon de Malabar) tandis que d’autres variétés de courges, comme les Benincasa cerifera, sont les plus utilisées pour le melon et la pastèque.